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Ai-je le droit de vapoter au travail ?

Oui, on peut vapoter au travail, excepté si l’employeur l’interdit.

  • Le principe: on peut vapoter au travail car vapoter n’est pas fumer.

Fumer consiste à « faire brûler du tabac (ou une autre substance)  en aspirant la fumée par la bouche » (définition du dictionnaire Le Petit Robert).

Vapoter désigne l’action d’aspirer la vapeur d’une cigarette électronique. La vapeur est produite sans aucune combustion: une batterie vient chauffer une résistance alimentée en liquide, lui-même contenu dans un réservoir.

On ne fume pas une cigarette électronique : on aspire la vapeur qu’elle produit.

La loi prévoit qu’il est interdit de fumer dans les lieux fermés et couverts qui accueillent du public ou qui constituent des lieux de travail (article R3511-1 du Code de la santé publique), mais fumer n’est pas vapoter. Par conséquent, l’interdiction de fumer sur les lieux de travail ne peut s’appliquer à la cigarette électronique.

  • L’employeur n’est donc pas contraint légalement d’interdire le vapotage au travail. Il peut cependant décider d’interdire le vapotage au travail si cette interdiction est justifiée par l’activité de son entreprise.

Par exemple, si l’activité du salariée nécessite une vigilance particulière parce qu’il doit conduire un véhicule, manipuler une machine, ou bien s’il utilise des matières dangereuses, autant d’actions qui requièrent une attention ou une dextérité  justifiant que le salarié conserve l’usage libre de ses deux mains.

On ne peut pas non plus écarter la possibilité qu’il existe un risque potentiel d’explosion si le salarié travaille au contact de matières inflammables ou explosives. En effet, il a été recensé des cas, certes rares, d’explosions de cigarettes électroniques, liées à l’utilisation de contrefaçons  (absence de trous de sécurité pour permettre au gaz de s’échapper en cas de surchauffe; batteries bas de gamme).

Le fait qu’un salarié soit en contact avec la clientèle peut également justifier une interdiction d’utiliser la cigarette électronique si l’employeur estime que cela peut apporter un trouble objectif.

Pour interdire le vapotage à ses salariés, l’employeur doit prévoir cette interdiction dans le règlement intérieur et la justifier en invoquant les considérations d’hygiène et de sécurité au vu de l’activité exercée. En effet, le règlement intérieur ne peut en aucun cas contenir « des dispositions apportant aux droits des personnes et aux libertés individuelles et collectives des restrictions qui ne seraient pas justifiées par la nature de la tâche à accomplir  » (article L1321-3 du code du travail).

  • L’employeur peut -il  interdire le vapotage au travail s’il juge qu’il peut exister un risque pour la santé des salariés ?

L’institut national de recherche et de sécurité (INRS) recommande aux employeurs, tenus d’une obligation générale de sécurité (article L4121-1 du code du travail) de protéger tous les salariés d’une éventuelle exposition passive aux produits contenus dans la cigarette électronique.

L’INRS rappelle que la vapeur inhalée par le vapoteur provient d’un liquide qui est chauffé et ce liquide contient du propylène-glycol ou du glycérol, des arômes et/ou de la nicotine.

Or, précise-t-il, le propylène-glycol, s’il est inhalé à des concentrations nettement supérieures à ce qui est généralement constaté en milieu professionnel, est responsable d’une irritation oculaire et de difficultés respiratoires; de même, la nicotine est une substance toxique.

Dans une étude publiée en mars 2013, l’INRS évoque les risques pour la santé de la cigarette électronique et rappelle que l’employeur, tenu à une obligation de sécurité de résultat, doit prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs.

L’INRS conclut cette étude en précisant que « l’employeur, eu égard son obligation de sécurité de résultat, se doit de protéger tous les salariés d’une éventuelle exposition « passive » à ce produit qui, en raison des impuretés qu’il contient et des composés volatils et des particules libérés dans l’atmosphère, est susceptible d’être préjudiciable pour la santé ». Il préconise d’utiliser la voie du règlement intérieur pour « interdire la consommation de cigarette électronique sur le lieu de travail (à usage collectif et bureaux individuels) et plus largement dans tous les lieux fermés et couverts qui accueillent du public » (source: Références en santé au travail n°133 – mars 2013).

Mais toute restriction devant être justifiée, comme indiqué ci-dessus, par la nature de la tâche à accomplir ou proportionnée au but recherché, l’employeur ne peut à notre sens proscrire l’utilisation de la cigarette électronique sans faire référence à une situation de danger ou à un risque particulier, précisément énoncé dans le règlement intérieur.

  • Le vapotage sera-t-il bientôt interdit sur les lieux de travail ?

Le projet de loi santé adopté en première lecture par l’Assemblée nationale le 14 avril dernier, prévoit d’interdire la cigarette électronique dans les lieux de travail fermés et couverts à usage collectif. Quid des salariés travaillant dans des bureaux individuels ? Dans les termes du projet de loi actuel, rien ne leur interdirait de pouvoir vapoter. Il conviendra d’attendre l’année 2016 pour être fixé, lorsque la loi sera définitivement votée.

 

L’auteure de cet article

Cet article a été rédigé par Maître Nathalie Lailler, avocate spécialiste en droit du travail, de la sécurité sociale et de la protection sociale.

Si vous souhaitez une réponse documentée ou un conseil, vous pouvez demander une consultation en ligne avec Maître Lailler ici.

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